UBAUnion royale belge des amateurs-émetteurs a.s.b.l.

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Photo: Couloir

Menace de la bande des 2 mètres (144-146 MHz) ?

Vous avez peut-être déjà vu passer des informations à ce sujet. Il s'agit de la menace pour notre bande des 2 mètres (144-146 MHz).
Une société française active dans le secteur de l'aviation a demandé à l'ANFR, l'autorité de réglementation française, de soumettre une proposition à la CEPT en vue d'une discussion à la CMR-19 et à la CMR-23 (Conférence mondiale des radiocommunications).
La proposition prévoit en premier lieu de supprimer la disposition "sauf mobile aéronautique" pour le segment de fréquence 146 - 174 MHz. De cette manière, il sera possible d'autoriser les liaisons avec des aéronefs dans ce segment de bande. Ceci est une conséquence de la demande croissante de liaisons avec des petits avions et des drones.
A part cela, il est également proposé de donner au service mobile aéronautique le statut primaire pour le segment de fréquence 144 - 146 MHz, de sorte que la gamme de fréquences de 108 à 174 MHz soit rendue complètement accessible au service "mobile aéronautique" à titre primaire.
Une attribution de 144 - 146 MHz à un autre utilisateur est évidemment inacceptable pour nous, car cela aurait des conséquences très négatives pour les radioamateurs !

Pour qu'une telle proposition passe à la Conférence Mondiale des Radiocommunications (CMR, ou WRC en anglais) il faut plusieurs étapes: d'abord la proposition est discutée lors de réunions préparatoires de la CEPT: les CPG-PT (Conference Preparatory Group-Project Team) sont des réunions techniques, tandis qu'il y aura encore une CPG-Plenary meeting qui doit adopter la proposition au niveau de la CEPT avant de la présenter à la CMR-19 dans les points à discuter lors de la CMR-23.

La proposition de l'ANFR a été présentée en avril 2019 lors de la PTA#6. Cette proposition ne contenait pas encore l'inclusion de la bande 144 - 146 MHz. Pour la PTA#7 en juin 2019 la proposition a été amendée pour couvrir aussi la bande 144-146 MHz; l'IARU-région 1 a réagit immédiatement en introduisant une note informative avec notre opposition, mais il n'y a qu'un seul pays qui a formellement donné son opposition.
Le point est donc repris pour la CPG (ECC's Conference Preparatory Group) en août.

L'UBA a pris rendez-vous à l'IBPT pour expliquer notre point de vu, qui a été accepté et qui sera défendu par la Belgique lors de la CPG et de la CMR.
Notre point de vue est qu'une coexistance entre les services primaires AMATEUR et AMATEUR SATELLITE et le service AERONAUTICAL MOBILE résultera en de nombreuses interférences au détriment de tous les services concernés.
Actuellement le service AMATEUR et AMATEUR SATELLITE sont les seuls services dans cette bande, et ce dans les 3 régions ITU. C'est aussi la seule bande VHF où les radioamateurs sont primaires exclusif dans le monde entier!
Pour le service AMATEUR nous avons créé les plans de fréquences pour réguler le trafic.
Nous avons trouvé ainsi de la place pour les utilisateurs de signaux faibles (DX, propagation research, EME ...), des utilisateurs de fortes puissances (DX, EME), les utilisateurs des relais & balises qui ont demandé d'importants investissements financiers de la part de radioamateurs. Il est estimé que plus de 75% des radioamateurs dans le monde ont des équipements dans cette bande.
Le service AMATEUR SATELLITE utilise intensivement cette bande, et ce pour toutes les régions et par les satellites amateurs de tous les pays. Ces satellites sont déjà en activité et ce pour des durées allant d'un an à 25 ans. Ces satellites servent non-seulement comme relais de communications aux radioamateurs, mais aussi à l'éducation et l'expérimentation. Régulièrement la station radioamateur à bord de l'ISS effectue des contacts ARISS avec des écoles, et déjà 2 fois la NASA nous a demandé de nous mettre à l'écoute car les communications avec l'ISS étaient interrompues.

Que faut-il faire ?
Pour les simples radioamateurs il n'y a rien à faire: vos associations, telle que l'UBA, se chargent de persuader les administrations nationales de s'opposer à cette proposition. Au niveau européen, il y a déjà l'Allemagne qui a voté contre. La Belgique prendra la même position lors de la CPG en août. La France, initiatrice de la proposition va évidemment voter pour. Il faut donc que les autres pays européens réagissent. Les associations membres de l'IARU sont déjà en train de contacter leurs administrations. Nous espérons que cette proposition ne passe pas le cap de la CEPT.

Y a-t-il d'autres propositions nous concernant ?
Oui:
  • Lors de la CMR-19 il y a tout d'abord une proposition pour élargir en région 1 la bande des 6m (50 MHz) à 50.0 - 54.0 MHz avec une partie en primaire. Après l'abandon de la "bande I" pour la télévision, cette bande est encore utilisée par les militaires. Il y a donc certains pays qui s'opposent à une extension. Le travail est encore en cours pour obtenir au moins 50.0 - 50.5 MHz à titre primaire.
  • Lors de la CMR-19 il y a des discussions pour étendre la bande "WiFi" 5 GHz et allouer des bandes entre 26 - 81 GHz pour l'IMT (International Mobile Telecommunication). Certaines de nos bandes risquent d'etre prises, mais de nouveau nos points de vue ont été communiqués à l'IBPT.
  • Un point important pour nous est l'introduction des WPT-EV (Wireless Power Transfer (WPT) for Electric Vehicles (EVs)). Ce système permet aux voitures électriques de se garer "au dessus du chargeur" et de charger sans contact. Le risque est d'avoir beaucoup d'"émetteurs" de fortes puissances réparti sur un large territoire: le niveau de bruit va fortement augmenter ! À défaut d'études suffisantes, les intérêts commerciaux risquent de faire des dégats.
  • Finalement il y a encore une proposition en cours de discussion à la CEPT, qui sera proposée lors de la CMR-19 comme point pour la CMR-23: dans la bande 23cm (1240 - 1300 MHz) nous sommes secondaires par rapport aux systèmes de radionavigations par satellites (GALILEO, GLONASS, ...). Jusqu'à présent il y a eu quelques perturbations locales, surtout par des signaux "large bande" (ATV,DATV). La proposition CEPT risque de nous interdire ou fortement restreindre l'accès à cette bande. Il faut donc convaincre les administrations de régler les problèmes individuellements et localement sans passer par l'ITU.

Nous vous tenons évidemment au courant des évolutions.