En ce dernier jour d'un hiver sans délestage, le B-EARS BRABANT WALLON testait au Service Incendie de Wavre son réseau radio de secours, opéré par des radioamateurs de l'UBA, habitant (pour la plupart) le Brabant wallon. Plus de 40 radioamateurs, desservant 23 centres de secours, étaient sur pied de guerre ce vendredi 20 mars 2015, pour tester leur réseau en conditions réelles, en collaboration avec les pompiers, la police, les services d'aide médicale urgente et le SPF Intérieur. Un projet-pilote national, mené en Brabant wallon à l'initiative des services du Gouverneur de province, que d'autres provinces belges pourraient bien implémenter bientôt à leur tour.

Comme vous le savez, la législation prévoit que les radioamateurs peuvent aider les services de secours en cas de catastrophe technologique ou naturelle ou de "situations d'exception". Depuis les années 50, l'UBA collabore d'ailleurs régulièrement, à travers son réseau d'urgence actuellement appelé B-EARS (Belgian Emergency Amateurs Radio Services) avec la Croix-Rouge (comme ce fût notamment le cas lors du drame du Heysel, du naufrage du Herald ou des inondations dans le Namurois).

Quid en cas de délestage ou de blackout ? 

Dès 2011, le gouvernement fédéral, par l'entremise du Centre de Crise fédéral, a demandé aux gouverneurs de province de préparer des plans d'urgence permettant de faire face à d'éventuels délestages électriques pouvant toucher notre pays. "Très vite", comme l'explique Christophe Baes, Gouverneur du Brabant wallon, en charge de la planification d'urgence, et de la coordination des secours en cas de déclenchement d'un plan-catastrophe à l'échelle de la province, "la question des télécommunications s'est imposée au cœur des débats: il nous est apparu qu'en cas de coupure électrique, les réseaux habituels de communication allaient être rapidement impactés par une coupure de courant survenant à grande échelle", nous dit le Gouverneur.  "Or conserver des communications dans ces circonstances est précisément vital. Par ailleurs, il est tout aussi important de mettre des moyens de communication au service des citoyens, leur permettant d'alerter les secours s'ils sont témoins d'un accident ou d'un incendie, au moment où le téléphone ne fonctionne plus", poursuit le Gouverneur. "Enfin, les services d'urgence doivent continuer à pouvoir parler entre les différents centres de secours. Le réseau ASTRID qu'ils utilisent habituellement est bien sûr autonome électriquement, et ses batteries de secours aptes à faire face à un délestage. La mise sur pied d'un réseau de secours supplémentaires ne constitue qu'une redondance, mais elle permet aussi de réserver ASTRID aux messages les plus urgents, et d'en prolonger ainsi l'autonomie", conclut le Gouverneur Baes.

Le réseau radioamateur de secours, comment çà marche ?

Au stade actuel, ce sont tous les centres de secours dont le Brabant wallon a besoin pour fonctionner qui ont été retenus par le réseau d'urgence des B-EARS du Brabant wallon: les cinq casernes de pompiers, les postes de départ d'ambulances 112 de Marbais, Ceroux et La Hulpe, les hôpitaux disposant d'un départ de voitures d'intervention médicalisées (Nivelles, Tubize, Braine-l'Alleud et Ottignies), ainsi que les dispatchings de la police (CIC 101 de Wavre), du 100/112 de Mons et de Bruxelles. Pour des raisons opérationnelles, le Centre de Crise fédéral du SPF Intérieur, le Centre régional de Crise de Wallonie à Namur et le Centre de Crise provincial du Gouverneur à Wavre ont été également inclus dans ce dispositif. Une liaison a été ajoutée avec le Protection Civile de Ghlin et une autre avec les sièges de la société Ores à Wavre et à Namur.

"En cas de délestage ou de blackout", explique Philippe Vos de Wael, Commandant du Service Incendie de Wavre, "une caserne de pompiers qui intervient doit absolument pouvoir garder un contact avec les autres casernes afin de pouvoir demander l'envoi de moyens plus spécifiques (unité chimique, plongeurs, moyens de désincarcération, SMUR, etc. ) et/ou de renforts complémentaires. C'est ici que le réseau radioamateur de secours B-EARS présente tout son intérêt, au cas où les réseaux de téléphones filaires ou gsm seraient impactés. Plus simplement, si une personne située en bordure d'une zone privée de gsm suite au délestage réussit néanmoins à contacter le Centre 100/112 de Mons ou de Bruxelles, il est important que ce centre puisse contacter à son tour les services de secours du Brabant wallon pour transmettre cet appel au secours" ajoute le Commandant des pompiers de Wavre. "Et puis, ce réseau pourrait aussi servir en cas de catastrophe grave, car c'est toujours à ce moment que les réseaux connaissent des périodes de saturation, comme on l'a vu à Pukkelpop, notamment…"

"CTR Wavre" a pu contacter tous les sites en réseau

Une grande effervescence régnait donc au service d'Incendie de Wavre ce vendredi 20 mars entre 16 et 18 heures, où était installé "CTR Wavre", le poste directeur du réseau B-EARS.  Sous la supervision du Commandant des pompiers Philippe Vos de Wael, nos deux directeurs de réseau (Philippe ON5PV et Patrick ON4NY), égrenèrent, deux heures durant, des messages d'urgence à destination des centres de secours connectés au réseau de secours B-EARS Brabant wallon. Toutes les liaisons furent concluantes, y compris celles avec Mons, Ghlin, Namur et Bruxelles. Le tout sans utiliser de relais (sauf dans un cas), et uniquement au moyen d'émetteurs électriquement autonomes. Comme l'explique notre ami Pierre Cornelis (ON7PC), désigné expert en radiocommunications par le Gouverneur de province dans le cadre de ce projet, "les objectifs de couverture radioélectrique ont été atteints, au delà de toute espérance. Nous avons même réalisé en direct une liaison simplex tout à fait QSA avec ON4MAX, dont le QTH se trouve à 6km de la Baraque Fraiture, soit à 80 km de notre antenne de Wavre. On peut dire aujourd'hui que le réseau B-EARS du Brabant wallon a montré toute sa capacité opérationnelle. Nous avions planifié de le tester en ce début de printemps au cas où il n'aurait pas été activé durant l'hiver. Le but était d'en vérifier la couverture, mais aussi de motiver tous les OM qui s'y étaient inscrits très nombreux. Le système d'alerte automatique, mis à disposition par le Gouverneur, a également bien fonctionné. Nous voilà fins prêts, moyennant quelques petits ajustements, à faire face aux situations d'urgence du futur."

Une conjonction favorable de bonnes volontés

Le projet de mettre sur pied le réseau B-EARS du Brabant wallon a subi un coup d'accélérateur début 2013, avec l'arrivée de notre ami Marc Lerchs(ON3IBZ) à la direction du Centre de Crise Provincial du Gouverneur du Brabant wallon. Rapidement, ce fonctionnaire du SPF Intérieur, qui avait bien mesuré l'intérêt d'associer les radioamateurs aux plans de secours provinciaux, a contacté Pierre Cornelis (ON7PC) et Geoffroy Thibaut (ON6GMT), non sans avoir rencontré au préalable le président de l'UBA (ON7TK) et son équipe, afin d'organiser les modalités du projet. L'IBPT a également été tenue informée.

Comme le projet B-EARS national connaissait lui-aussi des avancées appréciables, notamment grâce à l'accord initié par Peter (ON7SCV), lui aussi fonctionnaire du SPF Intérieur, avec la Direction de la Sécurité civile, les deux projets ont tout naturellement fusionnés, au plus grand bénéfice de la sécurité des citoyens belges.

"On peut dire qu'avec toutes les initiatives qui étaient en cours, et la rencontre de plusieurs fonctionnaires du SPF Intérieur ou de l'IBPT, eux-mêmes radioamateurs, ajoutées à la crainte occasionnée par la possibilité de délestages électriques, il s'est produit en 2014 un "alignement favorable de planètes" sans pareil, où tout a contribué à la réussite du projet B-EARS", explique Marc Lerchs (ON3IBZ) en souriant. "La confiance que nous témoignaient notre Gouverneur, les radioamateurs, le staff de l'UBA, le SPF Intérieur et l'IBPT a fait le reste".

Comme vous le voyez, le réseau de secours B-EARS de l'UBA est national et unique. Je remercie toutes les personnes qui ont rendu ceci possible. Les pouvoirs publics et les services de secours comptent sur nous. Le risque de délestage s'est éloigné, mais reviendra l'hiver prochain.  A présent, il est du devoir de chaque membre et de chaque cadre du B-EARS de le rendre opérationnel dans sa province, et ce, le plus vite possible. Pour le Brabant wallon, c'est à présent chose faite.

Compte-rendu de l’exercice, photos et  revue de presse (en français) sur www.crisebw.be

Claude - ON7TK
Président de l'UBA

L'exercice DELEC BRW en quelques points

• Simulation d'un délestage électrique en Brabant wallon, le vendredi 22 mars 2015, de 16 heures à 18 heures.
• 23 sites / 42 radioamateurs déployés sur le terrain.
• Fréquence utilisée: 145,225 MHZ / Simplex / Tone à l'émission 123,00 HZ
• QTH et indicatif du poste directeur: Service Incendie de Wavre / "CTR Wavre"
• Résultats: 22 sites sur 23 ont répondu avec une qualité "bonne" à "très bonne". Un site n'a pas répondu (problème de tone).
• Il y a aussi eu des liaisons hors territoire de CTR Wavre vers Bruxelles (SPF Intérieur et Centre 100), Namur (bord de Meuse), Mons (Centre 100),  Ghlin (Protection Civile),   Manhay  St. Antoine et Lierneux.
• Tranceivers installés au Service Incendie de Wavre: 3 Yaesu FT-7900 E / 1 Yaesu FT-857D / 1 ICOM 7200 / 1 terminal ASTRID (pompiers).
• Postes mobiles estafettes: KENWOOD TM-V71E
• Antennes Procom R3/3L et CXL2/70 C